Lorsqu’un bien immobilier est transmis à plusieurs héritiers, il n’est pas immédiatement partagé. Il entre alors en indivision successorale, une situation où chacun détient une partie du bien, sans qu’il soit physiquement divisé. Cette organisation peut sembler simple en théorie, mais elle soulève rapidement des questions pratiques, notamment sur le règlement des charges fiscales.
Parmi elles, la taxe foncière est l’une des principales préoccupations. Qui doit la payer ? Comment se répartit-elle entre les indivisaires ? Et existe-t-il des exonérations possibles ?
Comprendre l’indivision successorale
En indivision, chaque héritier possède une quote-part du logement ou du terrain hérité. Il ne s’agit pas de pièces précises ou de parties définies du bien, mais d’une part abstraite dans l’ensemble. Cela implique que toutes les décisions concernant le bien – vente, location, travaux ou gestion – doivent être prises collectivement, parfois à l’unanimité, parfois à la majorité.
Parmi les obligations liées à cette copropriété particulière, figure le paiement des impôts locaux. La taxe foncière, calculée sur la valeur cadastrale du bien, doit être réglée chaque année. Contrairement à d’autres dettes, elle ne repose pas sur un seul héritier : chacun doit s’en acquitter en fonction de sa part dans l’indivision. Ainsi, si trois enfants héritent d’un logement à parts égales, chacun devra payer un tiers du montant dû.
Comment se répartit la taxe foncière ?
La taxe foncière est considérée comme une dette successorale. Elle s’impose donc automatiquement aux héritiers, proportionnellement à leurs droits. L’administration fiscale n’exige pas le paiement d’un seul héritier pour l’ensemble du montant. Chaque indivisaire reçoit une imposition correspondant à sa part, ce qui garantit une répartition équitable.
Cependant, dans la pratique, il arrive que l’avis d’imposition ne soit adressé qu’à l’un des héritiers, ce qui peut créer des tensions si les autres tardent à régler leur part. Dans ce cas, la personne qui avance la totalité de la somme peut demander un remboursement aux autres copropriétaires. Cette répartition doit donc être bien organisée pour éviter les conflits familiaux.
Que se passe-t-il en cas de difficultés de paiement ?
Si l’un des indivisaires n’a pas les moyens de payer sa part, il peut demander aux autres de l’aider temporairement. Toutefois, la règle reste la même : chaque héritier est uniquement responsable de sa quote-part.
Néanmoins, en cas de désaccord, la gestion de l’indivision peut devenir source de blocages et, parfois, nécessiter l’intervention d’un notaire ou d’un juge.
Le rôle du conjoint usufruitier
Une situation particulière peut se présenter lorsqu’un conjoint survivant bénéficie de l’usufruit du bien immobilier. Dans ce cas, il occupe le logement ou perçoit les revenus qu’il génère (par exemple, un loyer).
En contrepartie, c’est à lui qu’incombe généralement le paiement de la taxe foncière, puisqu’il profite de l’usage du bien. Les nus-propriétaires (souvent les enfants) ne sont pas directement redevables de cet impôt tant que l’usufruit subsiste.
Certaines exonérations peuvent alléger cette charge. Elles concernent principalement :
- Les personnes âgées de plus de 75 ans au 1er janvier de l’année d’imposition, sous conditions de revenus.
- Les bénéficiaires de l’Aspa (allocation de solidarité aux personnes âgées).
- Les bénéficiaires de l’Asi (allocation supplémentaire d’invalidité).
Ces dispositifs visent à protéger les personnes les plus fragiles financièrement et à éviter que la taxe foncière ne devienne un fardeau insupportable.
L’héritage d’un bien immobilier en indivision implique automatiquement un partage des droits mais aussi des obligations. La taxe foncière, en tant que dette successorale, doit être réglée par chacun des héritiers selon sa part.
Si la situation est claire sur le plan légal, elle peut devenir compliquée dans la pratique en cas de désaccord ou de difficultés financières. Comprendre les règles de répartition et anticiper ces charges est donc essentiel pour éviter les conflits familiaux et assurer une gestion sereine du patrimoine hérité.


