L’emploi en France traverse une période de turbulences, et les derniers chiffres publiés par France Travail ne laissent planer aucun doute : le chômage est en hausse. Alors que le pays avait connu une amélioration notable ces dernières années, la situation semble se dégrader rapidement. Dans cet article, nous décryptons les causes de cette augmentation, les réactions des experts et les perspectives pour les années à venir.
Une augmentation significative du nombre de demandeurs d’emploi
Les chiffres du quatrième trimestre 2024 sont sans appel : le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail a augmenté de 3,9 % par rapport au trimestre précédent. Sur un an, cette hausse atteint 3,5 %, portant le total à 3,138 millions de chômeurs de catégorie A (sans aucune activité).
Parmi les plus touchés, les jeunes de moins de 25 ans enregistrent une augmentation de 8,5 % sur le trimestre en France métropolitaine. Si l’on inclut les catégories B et C (personnes en activité réduite), le nombre total de demandeurs d’emploi atteint 5,495 millions, soit une hausse de 1,7 % sur trois mois et de 1,8 % sur un an.
Contexte économique et politique : Un retournement de situation
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, la France avait connu une amélioration progressive sur le front de l’emploi. Cependant, depuis 12 mois, l’économie française est entrée dans une phase de turbulence. Les fermetures d’usines et les incertitudes politiques ont contribué à cette dégradation.
Les économistes qualifient cette situation de “vraie rupture” et de “très mauvais” signal. L’Insee prévoit d’ailleurs une hausse du taux de chômage, qui pourrait passer de 7,4 % à 7,6 % d’ici mi-2025.
Réactions des acteurs économiques et sociaux
Face à cette situation, les réactions ne se font pas attendre.
- Le Medef appelle le gouvernement à ne pas alourdir le coût du travail et à s’inspirer des modèles italiens et portugais.
- La CPME insiste sur l’importance de préserver les entreprises et d’éviter les compromis politiques qui pourraient nuire à l’emploi.
- La CGT dénonce une paupérisation croissante des jeunes et une baisse de la part des chômeurs indemnisés.
Ces constats soulignent les tensions sociales qui pourraient s’accentuer dans les mois à venir.
Facteurs conjoncturels et internationaux
Plusieurs éléments expliquent cette remontée du chômage. L’Urssaf rapporte une baisse des déclarations d’embauche de 2,4 % au quatrième trimestre 2024. La fin des Jeux olympiques, qui avaient soutenu l’emploi temporaire, a également joué un rôle.
À l’international, l’environnement économique est dégradé. La récession en Allemagne, partenaire économique majeur de la France, et les incertitudes liées à l’arrivée de Donald Trump aux États-Unis pèsent sur les perspectives de croissance.
Perspectives : un objectif de pleinemploi de plus en plus lointain
Atteindre un taux de chômage de 5 % en 2027, un objectif ambitieux fixé par le gouvernement, semble aujourd’hui peu réaliste. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait déjà prédit en mars 2024 que le plein-emploi ne serait pas atteint, critiquant au passage le modèle social français.
Les chiffres actuels confirment cette prédiction, avec une hausse généralisée du chômage dans toutes les catégories et tranches d’âge. Plus de 6,2 millions de personnes sont désormais enregistrées à France Travail, toutes catégories confondues, et le nombre d’inscrits suite à un licenciement économique a augmenté de 26 % par rapport à fin 2023.
La situation de l’emploi en France en 2024 est préoccupante, et les perspectives pour 2025 ne sont guère plus optimistes. Entre les défis économiques, les tensions sociales et les incertitudes internationales, le chemin vers le plein-emploi paraît semé d’embûches. Reste à savoir quelles mesures seront prises pour inverser la tendance et redonner de l’espoir aux millions de demandeurs d’emploi.


