Le gouvernement présente un tableau encourageant de la baisse du chômage et de la croissance de l’emploi, mais la réalité semble bien plus nuancée. Bien que certains indicateurs économiques montrent une amélioration, de nombreux défis structurels restent à surmonter.
La précarité de l’emploi, les limitations des dispositifs publics et l’automatisation croissante posent de sérieux obstacles à un marché du travail véritablement solide et durable.
Fragilité du marché du travail et précarité persistante
Les chiffres officiels montrent une baisse du taux de chômage à 7,3 % au deuxième trimestre 2024, une tendance que le gouvernement ne manque pas de saluer. Toutefois, cette vision optimiste masque une autre réalité, celle de l’augmentation de l’emploi précaire.
En effet, plus de 55 % des demandeurs d’emploi enregistrés sont classés dans les catégories B et C, c’est-à-dire ceux exerçant une activité réduite. Ce phénomène témoigne d’une généralisation des contrats courts et des emplois à temps partiel, qui ne permettent pas de sortir de la précarité. Cela reflète non seulement une fragmentation croissante du marché de l’emploi, mais aussi une incapacité à créer des emplois durables et de qualité.
France Travail : une réforme sous-financée
Le programme France Travail devait améliorer l’accompagnement des chômeurs, en particulier des publics éloignés de l’emploi. Cependant, ce dispositif souffre d’un manque criant de moyens, ce qui en limite fortement l’efficacité.
La loi Plein emploi de 2025 impose des obligations supplémentaires aux demandeurs d’emploi, comme 15 heures d’activité hebdomadaires obligatoires pour les bénéficiaires du RSA. Pourtant, les ressources allouées à France Travail ne suivent pas cette hausse de la charge de travail.
En plus de la gestion quotidienne des demandeurs d’emploi, la nouvelle structure doit faire face à des coupes budgétaires drastiques, avec des réductions prévues de 2300 postes à temps plein d’ici 2027. Cette situation risque d’aggraver la surcharge de travail pour les conseillers déjà en poste, et d’introduire davantage d’automatisation dans la gestion des dossiers.
Augmentations de salaire limitées et avenir incertain
Si l’inflation a ralenti en 2024, la situation salariale reste préoccupante. Les augmentations de salaire, bien que toujours supérieures à l’inflation, se sont modérées par rapport aux années précédentes.
Le Salaire Mensuel de Base (SMB) a progressé de 2,9 % sur un an au deuxième trimestre 2024, mais cette hausse ne compense pas les pertes subies lors des périodes d’inflation plus élevée.
De plus, ces augmentations sont inégalement réparties selon les secteurs et les catégories professionnelles, les ouvriers et les employés bénéficiant des plus faibles hausses.
La stagnation des salaires, combinée à la persistance de contrats précaires, contribue à assombrir les perspectives économiques des travailleurs. Alors que la croissance du PIB a été révisée à la baisse (+ 0,2 % au deuxième trimestre 2024), l’emploi intérimaire, souvent considéré comme un indicateur clé de la santé économique, continue de décliner.
Cette tendance laisse craindre une détérioration du marché du travail dans les mois à venir. Selon les prévisions, le taux de chômage pourrait atteindre 8 % d’ici la fin de 2025.